Le gouvernement veut fidéliser les fonctionnaires de l'État affectés en Seine-Saint-Denis avec une prime de 10 000 €
Les agents des services de l'État qui ont passé cinq ans en Seine-Saint-Denis pourront bénéficier d'une "prime de fidélisation" de 10 000 € à l'issue de cette période, annonce Édouard Philippe, le Premier ministre, vendredi 31 octobre. C'est l'une des mesures du plan d'action du gouvernement pour rendre "l'État plus fort en Seine-Saint-Denis" et "accompagner la transformation du département" dans la sécurité, la justice, l'éducation et la santé. Un plan qui fait suite à la publication en mai 2018 d'un rapport parlementaire critique sur l'évaluation de l'action de l'État dans ce territoire francilien.
Édouard Philippe a présenté les principales mesures de son plan d'action pour la Seine-Saint-Denis le 31 octobre à Bobigny MaxPPP - IP3PRESS/MAXPPP
"Les difficultés de la Seine-Saint-Denis sont emblématiques des difficultés d'aujourd'hui de l'État et de la République", avaient estimé en mai 2018 les députés François Cornut-Gentille (LR, Haute-Marne) et Rodrigue Kokouendo (LREM, Seine-et-Marne), dans un rapport sur l'évaluation des services publics dans le département. Parmi les constats du comité d'évaluation et de contrôle des politiques publiques de l'Assemblée nationale, figurait celui selon lequel "la seule surmultiplication des moyens à court terme n'aboutit pas à de meilleurs résultats à long terme".
Le gouvernement a pris son temps pour répondre à cette interpellation et aux propositions faites par les députés, en organisant cinq groupes de travail avec les élus et d'autres acteurs locaux. Une concertation menée sous l'égide du préfet de la Seine-Saint-Denis Georges-François Leclerc. Édouard Philippe est venu à Bobigny vendredi 31 octobre pour présenter les 23 mesures "cousu main" qu'il compte mettre en œuvre dans ce territoire où subsistent de fortes inégalités sociales. Le taux de pauvreté (28 %) est égal au double de la moyenne nationale.
TROP DE DÉPARTS
Le constat principal porte sur la gestion des ressources de l'État. Bon nombre de postes ouverts ne trouvent pas preneurs et le taux de départ des enseignants et policiers est très élevé, souligne Matignon, mettant en avant des missions "beaucoup plus ardues à exercer sur les plans professionnel et humain". Les agents du ministère de l'Intérieur – policiers et fonctionnaires des préfectures – restent en moyenne 2,7 ans en poste en Seine-Saint-Denis, contre cinq ans dans la région Île-de-France et 7,4 ans dans l'Essonne, un département où les problématiques de sécurité publique sont proches.
De même, 11 % des postes relevant de catégorie C du tribunal de grande instance de Bobigny sont inoccupés. Et deux tiers des enseignants sont de nouveaux professeurs.
PRIME POUR RETENIR LES AGENTS
La mesure "la plus significative" porte ainsi sur la création d'une "prime de fidélisation" supplémentaire pour les agents qui auront exercé cinq ans dans le département. Son montant sera de 10 000 €. "Nous avons besoin que nos agents restent et qu'ils soient encadrés par des personnels qui s'investissent", explique-t-on dans l'entourage du Premier ministre.
Cette prime, qui pourrait entrer en vigueur d'ici juin 2020 et pour une durée limitée à dix ans, sera réservée aux agents qui "sont en première ligne de l'action de l'État" ou qui travaillent dans des métiers en tension. Le volume maximal d'agents concernés sera de 39 000 agents. "En régime de croisière, la prime de fidélisation est susceptible de coûter 35 millions d'euros par an à l'État", évaluent les services du Premier ministre. Une modification législative sera nécessaire pour justifier la rupture du principe d'égalité" entre fonctionnaires.
HAUSSE DES PRIMES
Autre mesure destinée à attirer les fonctionnaires de l'État dans le département : les régimes indemnitaires des services déconcentrés de l'État seront alignés sur ceux, plus favorables, des administrations centrales.
En outre, les agents travaillant dans le département seront prioritaires pour bénéficier de la bourse au logement des agents de l'État (dite Balae) dès le début de l'année prochaine. Les logements concernés sont des logements sociaux dont l'État n'est pas propriétaire mais pour lesquels il dispose d'un droit de désignation.
De plus, des jeunes fonctionnaires des corps d'inspection et de contrôle pourront être mis à disposition des services de l'État dans le 93. "Ils feront ainsi bénéficier le département de leurs compétences techniques", avance l'exécutif.
Enfin, la sous-préfecture de Saint-Denis sera relogée d'ici à 2021 dans l'ancienne succursale de la Banque de France pour améliorer l'accueil du public, notamment des étrangers qui demandent un titre de séjour.
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