• CAPA mouvement Intra du 24 mai 2017 Déclaration du SNUEP-FSU Paris, de la CGT Educ'Action Paris et du SNETAA-FO Paris

    Voici maintenant une semaine que le nouveau gouvernement a été constitué. Rappelons d'emblée que nos organisations, quant à elles fidèles à l'indépendance syndicale, n'ont pas appelé à voter en faveur de M. Macron.

    Syndicalistes, nous sommes attachés à la vie démocratique. Nous constatons que le nouveau Président de la République - largement élu par défaut - est, y compris au deuxième tour, si l'on tient compte de l'abstention ainsi que des votes blancs et nuls, minoritaire dans le pays. Dans cette situation inédite, le bon sens et l'intérêt général voudraient que soient entendues et respectées les attentes et les demandes du plus grand nombre, de la majorité, du peuple, en somme...

     Syndicalistes, nous sommes responsables. Nous allons donc prendre connaissance officiellement des projets du gouvernement.

     Syndicalistes, nous sommes attachés au dialogue social. Nous sommes par conséquent ouverts aux discussions, aux négociations et aux accords allant dans le sens de l'intérêt des personnels.

     C'est pourquoi nous sommes d'ores et déjà extrêmement inquiets par les velléités du gouvernement Macron-Philippe d'imposer une nouvelle loi travail dès cet été par le biais des ordonnances. Faut-il comprendre qu'il est l'heure, pour notre pays, de passer à la moulinette « tatchérienne » ? A en lire et entendre les thuriféraires divers et variés, faut-il comprendre qu'il s'agit d'en finir avec les acquis du Front Populaire et du Conseil National de la Résistance ? Syndicalistes, attachés au progrès social et à la démocratie, nous ne saurions l'accepter...

    Nous avons donc un nouveau ministre. Il s'agit de M. Jean-Michel Blanquer. Naturellement, nos organisations vont le rencontrer promptement et prendre officiellement connaissance de ses projets pour l'Education nationale.

     Sauf que le choix de M. Blanquer n'est pas anodin. Dirigeant du « Groupe Essec », lui-même rattaché à l'Institut Catholique de Paris, il a été recteur à deux reprises et numéro deux rue de Grenelle sous le ministère de Luc Chatel durant le quinquennat Sarkozy après avoir été directeur adjoint du cabinet de Giles de Robien. Il n'est donc pas nouveau, il n'est pas là par hasard. Ce n'est en rien un homme « neuf » mais au contraire un ministre qui porte déjà un lourd bilan sur ses épaules.

    Ses idées nous sont connues. Il les a encore récemment exposées dans son livre-programme L'Ecole de demain, réalisé officiellement avec l'Institut Montaigne, think tank libéral.

    M. Blanquer est un fervent partisan de l'autonomie des établissements qui disposeraient d'une large liberté pour affecter la dotation horaire entre les disciplines. Parallèlement, il souhaite renforcer les pouvoirs des chefs d'établissement en permettant notamment le recrutement des enseignants sur profil et leur évaluation par le seul chef d'établissement.

    Concernant plus spécifiquement l'enseignement professionnel public, il affirme « que le lycée professionnel doit être une grande priorité des années à venir, avec un nouveau contenu et une nouvelle image » et se dit partisan d'« une mutation complète du contenu et de l'image des lycées professionnels, tenant compte des grandes évolutions de notre temps ».

    Il est partisan de la régionalisation, affirmant « que le lycée professionnel pourrait bénéficier d'une plus grande régionalisation. La région est désormais pleinement l'entité compétente en matière d'emploi et de formation professionnelle. Le lycée professionnel, au travers du CAP et du Bac Professionnel, est conçu pour mener directement à l'emploi. Il est donc logique d'imaginer la région en pleine responsabilité pour faire réussir les lycées professionnels ». Naturellement, c'est sans surprise qu'il déclare vouloir adapter les lycées professionnels aux « besoins économiques territoriaux ».

    Outre la régionalisation, il se dit défavorable à la poursuite d'études supérieures pour les bacheliers professionnels.

    M. Blanquer a un projet construit, structuré et connu : autonomie, régionalisation, développement de l'apprentissage tous azimuts, concurrence entre les établissements, etc. Il n'est donc guère surprenant que le MEDEF applaudisse à ces orientations qui font écho à ses propres propositions.

    Il n'est d'ailleurs pas anodin de voir ressurgir le vieux serpent de mer de l'annualisation du temps de travail des enseignants...

    Comme enseignants et comme syndicalistes, nous savons qu'une telle politique ne pourra avoir que des effets dévastateurs pour nos élèves mais aussi sur les conditions de travail et le statut des enseignants.

    A notre nouveau ministre, nous souhaitons rappeler l'évidence : on ne dirige pas l'Ecole de Jules Ferry comme on gère une école de commerce. Notre modèle est celui du service public et non celui de l'entreprise et de la concurrence entre les établissements.

    Nous avons été unis pour obtenir le retrait de la Loi Travail ou de la réforme du Collège : nous continuerons. Nous saurons faire preuve de la plus grande vigilance face aux différents projets du nouveau gouvernement. Nous en informerons les personnels et organiserons si besoin la mobilisation des personnels afin de faire échec à cette politique de régression.

    Aussi, le SNUEP-FSU Paris, la CGT Educ'Action Paris, le SNETAA-FO Paris réaffirmeront les revendications des professeurs des lycées professionnels :

    - Arrêt du PPCR et de la réforme de l'évaluation, outils de l'individualisation des salaires et des carrières ;

    - Arrêt de la régionalisation de la carte de formation professionnelle ;

    - Contre le transfert aux régions de l'enseignement professionnel ;

    - Arrêt du développement de l'apprentissage ;

    - Ouverture des postes, des classes, et des concours dans toutes les disciplines.