• "Le lycée professionnel est plus efficace que l'apprentissage", notamment pour le décrochage scolaire (Snuep-FSU)

    "Le lycée professionnel public sous statut scolaire est en mesure de concrétiser le slogan de la valorisation de l'enseignement professionnel et de lutter contre le décrochage scolaire", affirme Sigrid Girardin, co-secrétaire générale du Snuep-FSU, à AEF, mercredi 5 juillet 2017. Elle pointe le coût de l'apprentissage, dont elle aimerait qu'un "bilan de l'efficacité" soit fait, alors que le développement du dispositif figure dans le programme présidentiel d'Emmanuel Macron. Durant le quinquennat de François Hollande, Sigrid Girardin estime qu'il n'y a pas eu "d'amélioration ni des conditions d'études des élèves ni des conditions de travail des enseignants".  Par ailleurs, le Snuep dépose un préavis de grève les 6 et 7 juillet pour protester contre l'existence des "épreuves de contrôle", qui ont pour but "d'augmenter artificiellement le taux de réussite au baccalauréat professionnel".
    AEF : Vous déposez un préavis de grève, les 6 et 7 juillet, contre la tenue des "épreuves de contrôle", équivalent des épreuves de rattrapage pour les examens professionnels. Pourquoi ?
     
    Sigrid Girardin : Ces épreuves de rattrapage ne sont pas judicieuses. Les élèves de lycée professionnel passent essentiellement leur bac via des contrôles en cours de formation (CCF) (logique de contrôle continu, N.D.L.R.). Or l'épreuve de contrôle compte autant que toutes les épreuves réunies. La finalité de cette épreuve est surtout d'augmenter artificiellement le taux de réussite au baccalauréat professionnel ! Nous demandons la suppression de cette épreuve de contrôle tant que le bac professionnel ne sera pas enfin organisé sous formes d'épreuves ponctuelles terminales comme pour le baccalauréat général.
    AEF : Le programme d'Emmanuel Macron prévoit de développer l'apprentissage dans l'enseignement professionnel. Comment le recevez-vous ?
    Sigrid Girardin : L'apprentissage est présenté comme un moyen de lutte contre le chômage depuis deux ou trois mandatures. Nous aimerions qu'un bilan de son efficacité en soit fait ainsi qu'un bilan financier car il représente un coût important en termes de dépense publique : 5,3Md€ par an.
    Nous disposons d'un très bel outil, le lycée professionnel public sous statut scolaire qui est en mesure de concrétiser le slogan de la valorisation de l'enseignement professionnel et de lutter contre le décrochage scolaire. Le lycée professionnel est plus efficace que l'apprentissage sur de nombreux points : obtention du diplôme, poursuite d'études, ou encore sur le décrochage. Alors que 38 % des contrats d'apprentissage sont rompus, on compte environ 7 % de décrochage en LP, toutes classes confondues (1). C'est certes encore beaucoup trop. Les lycées professionnels ont besoin de davantage de moyens pour mieux détecter les élèves en difficulté et de davantage de places d'accueil pour que tous les élèves soient affectés sur leurs premiers vœux, ou pour pouvoir les réaffecter.
    AEF : Sous le quinquennat de François Hollande, des mesures visant à revaloriser l'enseignement professionnel ont été prises : réorientation à la Toussaint, jumelage des LP, des CFA et des collèges, etc. Avez-vous constaté des changements ?
    Sigrid Girardin : Valoriser l'enseignement professionnel a été scandé mais il n'y a eu aucune amélioration ni des conditions d'études des élèves ni des conditions de travail des enseignants. La réorientation à la Toussaint n'a rien changé aux conditions d'accueil de nos élèves : des "échanges" d'élèves informels étaient déjà réalisés entre établissements voisins. Le problème est que 42 % d'entre eux sont toujours affectés par défaut en CAP, et 28 % en seconde professionnelle. C'est pourquoi il est nécessaire d'ouvrir plus de places dans les filières les plus demandées, afin de répondre à la demande des élèves.
    Concernant les jumelages entre les collèges et les lycées professionnels, ils formalisent ce qui préexistait. Depuis des années, les établissements organisent par exemple des "mini stages" pour certains élèves de troisième.
    (1) Le Snuep estime que 50 000 élèves décrochent chaque année (toutes classes confondues) sur 700 000 élèves scolarisés.