• Mamoudzou, le 2 mars 2018,

    La FSU Mayotte s’associe au mouvement de grève générale actuel contre l’insécurité. Elle soutient la demande d’application immédiate des minimas sociaux en matière de prestations et de salaires et l’exigence d’investissements massifs dans les services publics, mais la fédération tient à préciser ses positions.

    La vraie question du rétablissement de la sécurité au travail et dans la vie quotidienne ne trouvera aucune solution durable dans des réponses simplificatrices qui consisteraient notamment à désigner l’immigration comme responsable ou à se contenter d’une augmentation des effectifs des forces de l’ordre aussi importante et nécessaire fut-elle.

    Les évènements du lycée de Kahani ont montré que les établissements scolaires du second degré constituent une cible privilégiée de la délinquance organisée. Les 4 semaines de droit de retrait exercé par les agents de cet établissement n’ont débouché sur aucune des demandes formulées par ces collègues de présence permanente des forces de l’ordre et d’augmentation de l’encadrement en vie scolaire, le vice-rectorat ayant considéré que l’exclusion de dizaines d’élèves suffirait à rétablir le calme et la sérénité. Or nous avons tout lieu de croire qu’il n’en est rien. À cet égard, nous ne nous satisfaisons pas des déclarations d’intention de la Ministre des outre-mer sur un plan de sécurisation des transports et établissements scolaires à venir dans les 15 jours. Ce n’est pas non plus par les retenues sur salaire que le vice-rectorat résoudra l’absence de confiance de nos collègues dans la capacité de l’institution à les protéger ainsi que leurs élèves.

    La FSU Mayotte estime qu’une des réponses à l’insécurité passe par la scolarisation de tous les jeunes en âge de l’être et ce dès trois ans. Cela signifie qu’il faut des constructions supplémentaires mais aussi une augmentation du nombre d’agents titulaires en travaillant l’attractivité qui, permettrait d’instaurer un plan de formation/titularisation des agents contractuels. Ces mesures sont également indispensables à la lutte contre l’échec et le décrochage scolaire. Il est inadmissible qu’un territoire de la République française soit incapable de faire respecter la scolarité obligatoire. Qu’ils soient déscolarisés, en échec ou en décrochage scolaire, ces jeunes livrés à eux-mêmes sont ceux-là même qui forment le terreau sur lequel peut se développer la délinquance. Mais il y a aussi ceux qui, pourtant inclus, sont en grande précarité voire en détresse et ne trouvent pas dans les établissements les services sociaux dont ils auraient besoin.

    La FSU Mayotte exige un plan d’urgence pour :

    - des services publics de qualité à Mayotte avec des infrastructures adaptées au nombre de personnes à accueillir et un encadrement renforcé grâce à une politique d’attractivité

    - des conditions de travail décentes pour les personnels comme pour les usagers

    - des effectifs par classe respectueux des normes de l’éducation prioritaire 

    - une vraie médecine scolaire avec des moyens permettant le suivie de la santé des jeunes

    - le développement massif du sport scolaire et des structures sportives.

    Nous appelons tous les personnels à se mobiliser massivement notamment à l’occasion de la grève unitaire nationale de la fonction publique prévue le 22 mars prochain afin d’exiger un plan de rattrapage en urgence pour Mayotte.

    En 1789, sous la révolution, lors de la création des départements, Mirabeau disait que cette nouvelle unité territoriale devait « rapprocher l’administration des hommes et des choses ». Le gouvernement devrait s’en inspirer. 


  • Les collègues ont été destinataires d’un message du vice-rectorat adressé spécifiquement aux enseignants et le SNES Mayotte a par ailleurs pris connaissance d’une autre communication du VR adressé aux chefs d’établissements. De l’avis des plus anciens d’entre nous, on n’a jamais vu une telle réaction de la part d’un VR depuis 2005. Marque d’affolement ou pas, cela reste inacceptable. 

    Les deux documents font état d’une rentrée en « mode dégradé ». C’est le moins qu’on puisse dire alors que, depuis trois semaines se déroule et se poursuivra la semaine prochaine une grève générale avec des barrages un peu partout sur l’île. Mais le VR au prétexte de « ne pas adopter une attitude provocatrice aux yeux de la population » prétend réorganiser les services en appliquant un « principe de proximité géographique », nouveau concept et qui concernerait les élèves comme les enseignants ! 

    Les élèves ne pouvant se déplacer par « manque de transports ou à cause des barrages auront accès à l’établissement du second degré le plus proche de leur domicile » Quant aux enseignants, « ils peuvent rejoindre un établissement proche qui n’est pas leur lieu d’affectation officielle où ils devront se signaler dès leur arrivée ». Mais ce n’est pas écrit qu’ils doivent le rejoindre, ce n’est donc pas une obligation.

    Si l’on peut comprendre la volonté de mettre à disposition des élèves des ressources pédagogiques numériques, comment peut-on, dans le contexte d’insécurité que nous connaissons envoyer des jeunes dans des établissements dont ils ne sont pas élèves ? De plus les enseignants ont des établissements d’affectation et d’exercice, ce ne sont pas des équipes mobiles qu’on peut déplacer au gré des besoins. Quel serait le sens d’une telle démarche si ce n’est d’organiser une vaste garderie ? Au prétexte d’organiser une rentrée coûte que coûte, les enseignants devraient donc se rendre dans les établissements proches de leur domicile sans ordre de mission, sans couverture ? L’accident de travail pendant le trajet n’étant reconnu qu’entre le lieu d’affectation et le domicile privé, c’est hors de question. Faut-il redire une fois de plus que les enseignants exercent, dans le respect de la règlementation, un service d’enseignement et pas autre chose ? 

    Voilà une raison supplémentaire de participer massivement, dès cette rentrée, à la grève pour laquelle la FSU a déposé un préavis. Nous en avons assez de ce type de traitement qui ne tiendrait aucun compte de notre situation statutaire et règlementaire et du contexte social. 

    Nous invitons nos collègues à ne pas prendre de risques inutiles en s’aventurant sur des routes barrées sans garantie de retour chez eux. Le SNES-Mayotte, par ailleurs, a des informations selon lesquelles des barrages hors contrôle du collectif et de l’intersyndicale seraient organisés la semaine prochaine. Là encore la grève est une réponse. Elle l’est aussi, enfin et surtout, si l’on veut que nos revendications sur la stabilisation, l’attractivité et la mise en place d’un plan de titularisation des contractuels, aboutissent un jour.

    Tous en grève dès le 12 pour protester contre le mépris, l’insécurité et qu’on compense enfin nos difficiles conditions de travail !


  • Compte-rendu du groupe de travail du 22 février sur le recrutement, évaluation-non renouvellement et rémunérations des non titulaires

     

    Ce groupe de travail s’est tenu de 14H à 18H en présence du DRH et de la chef de service de la DPC (division des personnels contractuels). Du côté des représentants du personnel étaient présents, 3 représentants et 1 expert de la FSU, 1 représentant et 1 expert FO, un représentant UNSA. Mis à part les affectations, ce GT traitait donc des aspects les plus importants de la gestion des personnels contractuels. Une fois de plus nous n’avons obtenu des documents de travail que très tardivement. Seule la FSU a pu préparer la réunion en sachant qu’aucun document sur la question des rémunérations n’à été disponible.

     

    Recrutement : Une procédure est prévue, associant les responsables pédagogiques inspecteurs et conseillers pédagogiques et la drh lors de réunions (par matières) mensuelles. La FSU est intervenue afin que soient précisés les critères. Nous avons demandé que des critères objectifs comme le niveau de diplôme et l’expérience professionnelle soient pris en compte et écrits. Le drh a acquiescé tout en expliquant qu’il évaluerait également la motivation. Nous estimons aussi, que tout en tenant compte de critères objectifs, l’avis des responsables pédagogiques (pas celui des conseillers pédagogiques s’ils ne sont pas missionnés par l’inspection générale) doit être prépondérant.

     

    Evaluation-non renouvellement : Une grille d’évaluation nous a été fournie, reprenant en partie celle des titulaires pour le ppcr. Elle prend en compte l’ancienneté, des critères éthiques (laïcité) et pédagogiques qui parfois se croisent. Elle nous semble plus complexe que celle des titulaires. La FSU ayant demandé quels critères étaient évalués par les chefs d’établissement et lesquels par la hiérarchie pédagogique, il a été répondu que les chefs d’établissements évalueraient également les critères pédagogiques. Ce qui diffère du PPCR ou certains items dépendent du chef d’établissement et d’autres de l’inspection. Nous sommes évidemment intervenus en opposition à ce point. La procédure de non renouvellement a été longuement évoquée en raison des problèmes rencontrés en fin d’année dernière. Nous avons demandé que fin mai les collègues concernés soient informés afin qu’ils puissent déclencher les recours et entamer les démarches au pôle emploi. Nous avons revendiqué, comme cela se fait dans nombre d’académies, une CCP non renouvellement, la réponse a été négative, mais nous insisterons afin de pouvoir intervenir dans de meilleures conditions (l’année précédente nous n’avons eu la liste des non renouvelés que le 9 juillet). La saisine de la CCP (commission consultative paritaire), qui examine tous les cas individuels, doit être possible pour les avis négatifs. 

    A noter que dès cette année, contrairement à ce qui était prévu, le pôle emploi s’occupera de l’ensemble de la gestion des dossiers. 

     

    Rémunérations : Comme indiqué plus haut, la question des rémunérations s’est faite sans document. Elle a suscité un débat sur la rétroactivité des mesures liées au décret de 2016. Nous avons une fois de plus demandé que les collègues en poste en 2016 et ayant un diplôme de master 2 bénéficient de l’indice 410 à partir de septembre 2016. Nous sommes restés sur un constat de désaccord. La question de l’indemnité d’installation pour les arrivants recrutés à l’extérieur de l’académie a été posée. Cette question, contrairement aux autres ne fait pas l’objet d’un consensus syndical, le SE UNSA défendant son principe au contraire de la FSU qui, tout en ayant été en 2013 à l’origine de la sur rémunération des non titulaires, estime que l’attractivité des titulaires est prioritaire

    La progression indiciaire a ensuite été abordée. La FSU rappelle que le décret prévoit une progression à l’indice supérieur, sauf insuffisance professionnelle tous les trois ans. Le drh argumente qu’il n’y a pas d’automaticité et que le niveau de rémunération des contractuels pose problème au secteur privé qui a du mal à recruter. La FSU répond le décret précise bien qu’au-delà de trois ans, une stagnation peut être assimilée à une sanction déguisée. Nous avons aussi défendu la prise en compte de l’ancienneté d’avant 2016.

    Le drh nous a demandé de proposer des modalités de progression pour le passage d’indice. Il a proposé comme seul critère l’admissibilité à l’oral du CAPES. Si nous estimons qu’il s’agit d’un critère objectif et acceptable, nous avons fait remarquer qu’il ne devait pas être le seul. La FSU, avec les autres organisations syndicales a alors proposé de s’appuyer sur la grille d’évaluation. Nous avons proposé que les collègues ayant une évaluation excellente pour l’éthique, (ces critères sont facilement évaluables comme par exemple la ponctualité) et bonne (quatre niveaux y apparaissent, non acquis, en cours d’acquisition, bon et excellent) pour les critères pédagogiques puissent au bout de trois années bénéficier d’un indice supérieur. Pour l’administration, compte tenu du niveau de rémunération il faut privilégier « l’excellence ». Là aussi, le risque d’éliminer la grande majorité est trop grand. La réunion s’est clôturée sur cette proposition qui visiblement n’enchantait pas l’administration. Il faut se féliciter, qu’à l’exception de l’indemnité d’installation, les organisations syndicales ont eu une position consensuelle. Pour terminer ce compte rendu, deux remarques sur la rentrée :

    - Les collègues non titulaires qui désirent solliciter un congé formation ont jusqu’au 16 mars pour envoyer leur dossier. Que ceux qui l’ont déjà fait ou le feront nous contactent. Attention, seront pris en compte prioritairement les dossiers de celles et ceux veulent préparer les concours (cf circulaire).

    - Le mouvement social actuel va perturber la rentrée. Les contractuels risquent de subir des pressions les amenant à prendre des risques excessifs lors de leurs déplacements professionnels. Les contractuels comme les titulaires doivent être conscients que le mouvement actuel les concerne directement. Son résultat conditionnera l’avenir du service public d’éducation à Mayotte, ou dans la perspective d’une dégradation continue ou vers un redressement. La FSU par sa présence désormais active a pu faire intégrer ses revendications pour le système éducatif. 

     

    La FSU appelle à la grève dès demain 12 mars