• Sur demande de Jean-Michel Blanquer, la députée LREM Céline Calvez et le chef d’entreprise Régis Marcon ont produit un rapport sur l’enseignement professionnel scolaire. Ce rapport s’inscrit dans la logique gouvernementale de réforme de la formation professionnelle dans son ensemble. Les préconisations de ce rapport menacent directement l’avenir de la voie professionnelle, des lycées. Nous rappelons qu’aujourd’hui un.e lycéen.ne sur trois est scolarisé.e dans la voie pro, c’est donc un enjeu de société.

    L’apprentissage contre l’enseignement professionnel scolaire public
    Les deux modes de formation coexistent depuis longtemps, mais les propositions faite dans le rapport visent essentiellement à disqualifier la voie professionnelle scolaire pour mieux servir les intérêts des organisations patronales dans leur volonté de faire main basse sur l’enseignement professionnel au sein de l’Ecole. Dans son projet, le gouvernement utilise l’apprentissage pour remettre en cause l’enseignement professionnel scolaire seul garant d’une formation professionnelle généraliste et émancipatrice. Pour les rapporteurs, la voie pro du lycée devrait servir à sélectionner les élèves : les meilleurs profils pour les employeurs en apprentissage, et la “concentration” des élèves en difficulté sociale et scolaire dans les classes des lycées professionnels. L’apprentissage est discriminant : seulement 30% des apprentis sont des filles, les jeunes issus de l’immigration y sont sous-représentés… 

    La casse des diplômes : la remise en cause des droits des salarié.es
    Les attaques récurrentes contre la voie scolaire passent aussi par la casse des diplômes. La reconnaissance de la qualification dans les entreprises est un élément essentiel pour garantir des droits collectifs (rémunération, conditions de travail, …). Cette qualification repose sur des diplômes nationaux. Le MEDEF n’accepte pas que la définition et la validation des diplômes lui échappe et soit du ressort de l’Éducation Nationale ou du Ministère de l’Agriculture. Les rapporteurs préconisent de remplacer les diplômes par des blocs de compétences. Cette évolution est dangereuse car elle remet en cause une qualification solide au profit d’une simple employabilité immédiate et d’une précarisation accrue. 

    Construire une ambition commune pour tous les jeunes
    La formation professionnelle scolaire est aujourd’hui pleinement en lien avec les réalités du monde économique : les jeunes sont en formation en entreprises 22 semaines sur les 3 ans du bac, les contenus de diplômes sont définis avec les branches professionnelles, et bon nombre de certifications professionnelles sont réalisées en présence des salarié.es des entreprises. De plus, la voie professionnelle permet à davantage de jeunes d’obtenir un diplôme et d’élever leur niveau de qualification pour répondre aux évolutions des métiers. Elle produit bien moins de décrochage que l’apprentissage ! Le gouvernement ne doit pas faire de l’idéologie sur une question qui concerne l’avenir de 700 000 jeunes. Les rapporteurs prétendent viser « l’excellence pour la voie professionnelle », en fait, ils construisent une impasse pour un tiers de la jeunesse lycéenne. 

    Patrick Désiré (Secrétaire général CGT Educ’action) ; Pascal Vivier (Secrétaire général SNETAA-FO) ; Sigrid Gerardin (Secrétaire générale SNUEP-FSU) ; Aurélien Boudon (Co-secrétaire fédéral SUD Education) ; François Portzer (Président du SNALC) ; Benoît Hubert (Secrétaire général SNEP-FSU) ; Jean-Denis Merle, (Secrétaire général SNLC-FAEN) ; Jean-Marie Le Boiteux (Secrétaire général SNETAP-FSU) ; Muriel Filippi (Secrétaire générale CGT Agri).


  • Henri Nouri (co-secrétaire SNES et FSU) a posé la question du pointage. Voici sa réponse :

    J'ai eu confirmation par le secteur action juridique du SNES que pointer dans un établissement proche de son domicile n'a rien d'obligatoire. Si l'on est non gréviste et qu'on ne peut pas se déplacer, on s'adresse à son chef d'établissement par courriel ou téléphone.

    On ne se rend pas dans un établissement sans ordre de mission nominatif lequel permet d'être couvert en cas d'accident. Et même si on en avait un, s'y rendre pour ne rien faire serait un abus de pouvoir. De plus, toute obligation de servir pour quoi que ce soit dans un établissement autre que celui d'exercice serait illégale. Toute obligation hors de sa mission d'enseignement l'est également. Les collègues ne sont pas comptables de la crise que connait Mayotte. Ceci vaut pour les titulaires comme pour les contractuels-les

    Il résulte de ce point que toute retenue de salaire fondée sur une absence de pointage est hors la loi. Le SNES vous invite dés la fin de la semaine à consulter attentivement votre fiche de paie afin de vérifier toute anomalie et nous la signaler le cas échéant. Nous serons très attentifs à réagir vigoureusement en cas de non respect de la règlementation. 

    Qu'on se le dise !

    Pour le bureau du SNES-Mayotte
    Bien syndicalement

    Henri Nouri


  • Poursuite du mouvement social contre l’insécuritéLe gouvernement a fait le service minimum en prenant des mesures sécuritaires qui restent à renforcer mais le volet social est à construire. Il aura quand même fallu plusieurs semaines de droit de retrait des agents des établissements scolaires et des chauffeurs de bus, puis de grèves avec barrages pour en arriver à ces premières mesures. Elles ont été obtenues grâce à la détermination des manifestants et aux menaces concrétisées sur la tenue de la rentrée et des élections législatives partielles d’aujourd’hui. L'essai a été transformé puisque les parents d'élèves ont massivement refusé d'envoyer leurs enfants dans les établissements scolaires. Par conséquent, la rentrée a été ratée, contrairement à ce que raconte la propagande gouvernementale et ce parce que le soutien populaire à ce mouvement est massif et entièrement justifié tant l’absence d’écoute des acteurs de terrain est devenue intolérable. La circulaire du Vice-rectorat appelant nos collègues à pointer dans des établissements de proximité géographique en dehors de leur établissement d’exercice, n’est pas légale et entraine une prise de risque pour les enseignants. C’est un bel exemple de décision arbitraire qui illustre l’absence de concertation. Elle est une nouvelle provocation qui ne restera pas sans suite.

    L'appel au boycott des élections est aussi massivement suivi aujourd'hui à n'en pas douter. Les résultats le démontreront bientôt. Des élections à faible participation entament et décrédibilisent leur légitimité. Les questions posées par cette immense mobilisation vont au-delà des enjeux d’une élection partielle fut-elle législative. Ce mouvement exige un rattrapage en matière de logement, de transports, de mesures pour l’emploi, d’infrastructures et de protection sociale. Mayotte, 101 ème département et française depuis 1841 avant Nice et la Savoie, veut plus d’État sans attendre !

    Il ne s’arrêtera pas aux mesures qui relèvent des compétences régaliennes de l'État. Les services publics comme la santé et l'éducation doivent obtenir un renforcement des effectifs en titulaires au moyen de mesures d'attractivité. Nous avons des propositions déjà faites lors du mouvement d’avril 2016 quand Annick Girardin était ministre de la Fonction Publique mais jamais acceptées. Elles sont pour certaines dans la table revendicative. Elles doivent aujourd'hui être entendues par un émissaire clairement mandaté par l'Etat qui puisse s'engager au nom du premier Ministre afin de trancher sur d'éventuels désaccords interministériels. Cela est un préalable à l’ouverture de négociations. 

    Les barrages sont toujours là aujourd'hui dimanche 18 mars et la grève continue. La FSU maintient son préavis jusqu’à nouvel ordre. Le rassemblement populaire et unitaire, c’est ici et maintenant !